Je suis née dans une famille catholique, la sixième de neuf enfants. J’ai reçu la foi au sein de cette grande famille et l’ai toujours conservée. Dans mon adolescence j’ai fait partie de mouvements d’action catholique. C’est à ce moment-là que j’ai vraiment pris ma foi en main.

J’avais entendu parler du carmel dans ma famille car une de mes tantes était carmélite en Chine. J’avais beau être sûre qu’un jour je serai carmélite, en même temps, cela ne me faisait pas tellement plaisir ! (rire) Comme toutes les petites filles, j’avais envie de jouer, d’être hôtesse de l’air, médecin, d’être toujours en relation d’affection et d’amitié avec les membres de ma famille et mes nombreuses amies,…

Mes parents tenaient à ce que nous ayons un métier en main avant de nous engager dans une vocation, que ce soit le mariage ou la vie religieuse, c’est pourquoi j’ai commencé mes études de médecine. Mais au bout de deux ans d’études, j’avais l’équivalence du métier d’infirmière, je pouvais donc partir. Le bon Dieu m’a prise au cours de cette année-là : si je voulais, c’était maintenant ! Et j’ai dit oui… éblouie par son amour.

Le carmel de Lisieux, ça, ce n’était pas prévu. Il y avait un carmel dans ma ville d’origine auquel, à cause de ma tante, ma famille était très liée, et je craignais donc que nous ne soyons trop proches. C’était déjà assez douloureux de quitter ma famille (à l’époque, il y avait deux grilles au parloir entre une carmélite et ses parents !), alors je préférais que la coupure soit franche et mettre un peu de distance. Les « circonstances » m’ont conduite à faire une retraite au carmel de Lisieux.  Et voilà maintenant 48 ans que j’y suis une carmélite heureuse…

Mais je ne suis pas entrée là pour Thérèse ! Dans la bibliothèque de mes parents, j’avais repéré vers l’âge de douze ans Histoire d’une âme, je l’ai acheté, l’ai lu et mais je ne peux pas dire que j’ai été enchantée : je trouvais que ça volait trop haut pour moi !

A vrai dire, si j’avais toujours voulu être carmélite, je ne connaissais rien de la vie du carmel ni de sa spiritualité. Ce n’est que l’année où j’ai compris que le Seigneur me demandait d’y entrer sans tarder que j’ai lu Élisabeth de la Trinité, et là je me suis dit : « C’est ça que je veux ». Cette vie de prière, de silence, pour Lui seul, le Seigneur Jésus, et pour les autres. Je me rappelle qu’un jour, en réunion d’action catholique, je disais le peu d’influence que nous pouvions avoir sur nos proches, nos collègues de travail et d’études. On avait beau vivre droitement et en chrétien, notre foi ne les intéressait pas. Alors qu’en entrant au carmel, je savais que je rejoindrai ces personnes en direct, et bien au-delà : je passerais du commerce de détail au commerce de gros si l’on peut dire mais ce commerce, c’est Dieu qui s’en occupera : au lieu d’essayer de faire du bien ici ou là dans un tout petit rayon, je donne tout au Seigneur et lui, Il répandra partout. C’est ce désir missionnaire qui m’a attiré au carmel ! Je suis énormément touchée de voir le fruit porté par la vie cachée et priante de Thérèse. Elle l’a vécue dans la foi, sans voir ce fruit, mais nous, nous avons la chance de le voir et son exemple nous prouve qu’une vie de carmélite, ça a du prix.

Ce n’est qu’ici que je l’ai réellement découverte, Thérèse, qui est vraiment présente avec nous. Petit-à-petit elle m’a apprivoisé et elle est devenue ma sœur, et je sens qu’à l’heure actuelle je vis de son message.

La Parole de la Bible qui m’habite se trouve dans Jean 4 : « Ma nourriture c’est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre. » Il y a une volonté d’amour de Dieu sur moi, comme sur chacun, et Il m’envoie pour faire cette volonté et accomplir cette œuvre qui n’est pas la mienne, qui est l’œuvre du Père. Ce n’est pas moi qui me suis donné la vocation, je la reçois, et la reçois comme un cadeau.

Mon grand désir : voir Dieu, LE VOIR !!! C’est ce que nous désirons toutes ici…

Une soeur carmélite

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