Voilà 63 ans que je suis au carmel, où je suis entrée à 23 ans. J’ai surtout reçu la foi de ma mère, une femme très fervente qui avait elle-même pensé à la vie religieuse ; de mon père, devenu croyant, j’ai reçu l’exemple d’un homme très engagé dans l’aide aux plus démunis.

Vers 15 ans, je me suis sentie appelée à la vie religieuse. Cela m’est arrivé comme une demande de Jésus ; pas une demande que l’on entend avec les oreilles bien sûr. Ma sœur cadette était alors très malade et nous étions tous inquiets, je priais beaucoup pour elle. Un soir, j’étais toute seule dans ma chambre et intérieurement j’ai comme entendu dans mon cœur : « Tu pries pour la guérison de ta petite sœur mais si je te demandais, moi, d’être à moi ? ». J’étais suffoquée, et intérieurement j’ai dit « Oui ! ». Après cet appel, je suis devenue amoureuse de Jésus qui m’avait choisie ! A l’époque, je n’aimais pas sortir pour faire les commissions, mais pourtant je me proposais car ça me permettait de passer visiter Jésus à l’Église, je suis une amoureuse de Jésus.

Je croyais alors que Dieu m’appelait dans la congrégation enseignante où j’allais à l’école mais les évènements en ont décidé autrement. Dieu parle dans les évènements, c’est une vérité que j’ai expérimentée bien des fois dans ma vie. Un échec à l’année de licence me donna une année pour réfléchir à ma vocation.

L’oraison, la prière silencieuse, voilà ce qui m’attirait au carmel. Comme j’étais amoureuse de Jésus, j’aimais me tenir devant le Saint Sacrement. Et puis le carmel, c’est apostolique, Thérèse d’Avila dit bien que sans ce désir d’apostolat, on n’est pas carmélite.

Ma sainte préférée : Marie, elle m’a tellement aidée. Maman aimait beaucoup la Sainte Vierge, et elle a été heureuse que je rentre dans un ordre marial. J’ai fait profession le jour même de la proclamation du dogme de l’Assomption, le 1ernovembre 1950. Pour l’occasion, on nous avait prêté une radio et juste après avoir entendu Pie XII proclamer le dogme, nous nous sommes rendues à l’oratoire où j’ai fait profession entre les mains de Mère Agnès. L’image que j’ai choisie pour mon jubilé de 50 ans de profession est donc cette magnifique icône du XIVe siècle de l’Assomption.

Une Parole de la Bible qui m’a frappée récemment : « Dieu est amour » (1 Jn 4,7). Dieu nous aime et c’est parce qu’Il est amour qu’il nous a envoyé son fils bien-aimé dans le monde se faire vraiment l’un de nous.

Mon plus grand désir : la parousie ! Le retour du Christ : plus de misère, plus de violence, ce sera fini, et comme Dieu est amour, ça finira bien !!!

Une carmélite de Lisieux

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