Née dans une famille non-pratiquante, j’ai été baptisée et je suis allée au catéchisme jusqu’à la confirmation, mais à l’adolescence j’ai tout laissé tomber pour… jouer au foot ! C’est à 19 ans que j’ai fait vraiment l’expérience de Jésus vivant, à Lourdes en 1986 (cent après Thérèse, qui reçut sa grâce de conversion à Noël 1886 !). S’en est suivi pendant plusieurs années un long chemin de discernement, guidé par cette question : comment trouver le bonheur, où serai-je heureuse ? J’ai cherché longtemps, jusqu’au jour où j’ai rencontré Thérèse qui m’a chamboulée. Sa manière incroyable d’aimer Jésus, sa petite voie, voilà mon chemin. Et c’est à Lisieux, où j’étais venue faire une retraite, que j’ai été appelée à la vie religieuse. J’ai reçu une parole dans la Bible qui m’en a confirmé le lieu : « La gloire du Liban lui a été donnée, la splendeur du carmel. »

Thérèse étant ma petite sœur, dans mon cœur, le carmel c’était forcément Lisieux. Mais ce ne fut pas simple et ma vocation a rencontré des obstacles. Dans le train du retour que j’expérimentais une joie intérieure, un sentiment de liberté, un feu : « Je ne sais pas ce que tu veux de moi, Seigneur, mais qu’importe, tu me conduis là où tu veux ». Quelques temps après je me suis rendue à un week-end de discernement où un bon père jésuite et mon père spirituel m’ont confirmé mon appel : « Rentre au carmel de Lisieux ! » me dirent-ils tous les deux à ma grande surprise. J’étais au septième Ciel, comme si le Seigneur me disait : « Je t’attends à Lisieux. » Voilà sur quoi s’appuie ma vocation, et m’en souvenir m’a toujours beaucoup aidée depuis que je suis entrée : la Parole de Dieu et la confirmation de mes accompagnateurs.

Je suis une carmélite heureuse. Bien sûr, comme tout être humain, nous traversons des moments difficiles et des combats car nous restons avant tout des femmes. Dans le silence et la solitude du carmel, dans la vie communautaire, beaucoup de choses de notre histoire, de ce que l’on est nous remontent en pleine figure. Cela nous conduit sur un chemin de liberté intérieure. C’est cette liberté qui m’a attirée au carmel : d’une certaine manière, ici, il n’y a plus de murs. Les murs de la clôture, je ne les vois plus, car ce sont les murs intérieurs qu’il faut faire tomber. Plus les murs tombent, plus la liberté grandit.

L’image qui me parle depuis longtemps est celle de la Création que l’on trouve dans la cathédrale de Chartres, car j’y vois ce que Dieu fait avec moi : Il crée en moi l’homme nouveau, à l’image du Christ, Il est ce bon potier qui nous façonne, pauvre glaise que nous sommes, dans le temps. Et si vous regardez bien, vous verrez que dans cette image l’homme n’est pas encore fini, Dieu est toujours à l’œuvre en moi.

Une phrase de la Bible que j’aime à méditer : « Je suis le chemin, la vérité, la vie. » Pour moi, contempler et dire que Dieu est vie rejoint le cœur de ma vocation personnelle. Dieu m’a donné de comprendre qu’Il m’appelle à la vie, à vivre pleinement cette vie qu’Il m’a donnée, et à la transmettre. Voilà la source de mon émerveillement : Dieu vit en chacun de nous, chaque être est un enfant de Dieu.

Une carmélite de Lisieux

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