Mon appel à la vie religieuse a été tardif en relisant ma vie je vois que le Seigneur m’attendait. Il m’a appelée tard, j’ai eu toute une vie avant, une vie de recherche : depuis toute petite, je cherchais le bonheur.

Je suis née dans une famille catholique pratiquante, mais en grandissant j’ai pris des distances avec la pratique religieuse, mais pas avec Dieu. Alors, dans des librairies, j’ai cherché du côté des spiritualités parallèles, de la psychologie, de la connaissance de soi… J’allais dans les rayons ésotériques, sans prendre cependant des choses mauvaises comme de la magie ou du new-âge, je faisais la différence grâce aux repères reçus dans mon éducation catholique. Dans un magasin spécialisé, j’avais acheté un petit livre de poèmes qui s’appelait « Les fleuves d’eau vive ». C’était comme si le Christ s’y adressait à moi et là j’ai été « pêchée », le Seigneur m’appelait à revenir vers lui. Et dès ce jour mon objectif a été de revenir dans l’Eglise catholique. J’ai mis deux ans.  Par des amis je suis entrée en contact avec un groupe de prière et c’est à partir de là que mon chemin spirituel avec Jésus a pris un second souffle. Ça a été un nouveau départ dans la radicalité et la pratique religieuse. Mais cela n’a pas été sans combats.

Huit années de combats, de prières, de purification, de souffrances ont suivi. J’avais soif de Dieu mais je voulais me marier, avoir des enfants, c’était pour moi la voie du bonheur. Tendue comme j’étais vers le mariage, et comme l’âge avançait, c’était la guerre avec le bon Dieu, un vrai combat de Jacob ! Je lui en voulais parce qu’il ne m’exauçait pas ; il y eut une année où je remettais tout en cause : la pratique religieuse, la foi,…  Mais en même temps je ne voulais pas désespérer. Une parole me revenait, avec laquelle j’ai beaucoup avancé : « Seigneur, à qui irais-je ? C’est toi qui a les paroles de la vie éternelle ».

Et puis j’ai reçu une grâce de guérison intérieure. En priant les psaumes, j’ai senti une chape de plomb me tomber des épaules ; c’était comme le sourire de la Vierge pour Thérèse, en un instant tout est parti. J’étais chez moi toute seule, mais le Ciel était là. Ce jour-là, j’ai reçu la paix de Dieu et elle demeure encore aujourd’hui.

Peu après, par le truchement d’un livre, j’ai reçu la grâce de comprendre l’amour crucifié du Seigneur, ça a été un coup dans le cœur, et j’ai alors fait l’offrande de ma vie au Seigneur. C’était un moment très fort, où j’ai dit à Jésus : « Seigneur, que puis-je faire pour toi, pour te faire aimer, pour être ton disciple ? » De ce jour le Seigneur m’a vraiment guidée. Mais j’étais encore loin de penser à la vie religieuse.

Je cherchais un chemin de perfection ; et un jour je trouve un livre sur Thérèse qui disait qu’elle avait une petite voie toute courte, toute droite pour aller au Ciel. C’est ce que je cherchais ! Cette petite voie, elle est pour moi.  J’ai alors désiré faire un pèlerinage à Lisieux pour connaître sa doctrine.

Ce pèlerinage m’a profondément marquée, en particulier cette mosaïque au centre de la basilique qui montre le Christ, et à ses côtés Thérèse et la Vierge ouvrant son manteau aux brebis qui viennent à lui ; cette image m’a tellement parlé que je pourrais en écrire un livre, toute ma vie y était. C’était moi la brebis.

J’avais la certitude qu’à l’issue de ce pèlerinage le Seigneur allait me montrer ce qu’Il voulait de moi. Trois semaines après, j’ai reçu l’appel à la vie religieuse, comme une évidence ! C’était comme quelque chose qui était inscrit en moi mais que je ne voyais pas auparavant. J’ai reçu l’appel « Va, quitte ton pays… », avec Thérèse derrière. J’ai donc naturellement pensé au carmel. Je suis allée voir le carmel à côté de chez moi, prête à y entrer, mais je n’arrivais pas à faire le pas. Alors mon accompagnateur m’a aiguillée sur Lisieux. Et quand je suis arrivée au monastère ici, ça a été un accueil spirituel, pour ainsi dire l’enlacement de mon âme, je ne peux pas l’expliquer, comme une étreinte : « C’est ici que je te veux ».

Je ne voulais pas de demi-mesure et j’ai trouvé au carmel l’idéal que je cherchais : le Christ, Jésus est l’amour que je cherchais. Certes, j’avais aussi un profond désir de maternité et cela a été une blessure d’y renoncer, mais Jésus m’a guérie là aussi et je découvre maintenant une maternité vis-à-vis des âmes, c’est cette maternité spirituelle que Dieu me donne et je verrai au Ciel tous mes « enfants ».

L’image qui me parle, c’est celle de la Sainte Face. Autrefois, je l’avais chez moi mais pendant longtemps je n’arrivais pas à la fixer longtemps tant elle me disait trop de choses. Désormais elle est dans ma cellule au carmel, je la regarde et je ne peux plus m’en détacher, elle m’attire !

La Parole de la Bible : « Je vous donne un commandement nouveau, aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. » Je l’ai compris au plus profond de moi, ce « comme » : lavez-vous les pieds les uns des autres, supportez-vous les uns les autres, c’est capital en vie communautaire. Quand on comprend ce « comme », ça change tout !

Mon grand désir, c’est que le Royaume de Dieu arrive, son Royaume d’amour, dans tous les cœurs. Jésus, Maranatha !

Une soeur carmélite

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