Choeur du Carmel de Lisieux du temps de sainte Thérèse

L’Office divin ou prière des Heures

On appelle office divin la prière qui monte vers Dieu tout au long de la journée, et qui est faite au nom de l’Église.  Au temps de Thérèse, elle était chantée ou récitée par les prêtres et par certaines communautés religieuses. « L’Office » ou plus familièrement le bréviaire comme on disait alors, comprenait des psaumes, des hymnes, de courts passages bibliques. La communauté se réunissait dans le chœur des carmélites de la chapelle pour le chanter et le réciter au nom de toute l’Église, selon la manière établie, en réponse à l’invitation de Jésus de prier sans cesse Dieu, son Père, comme lui-même l’a fait. Pour que la journée entière soit sanctifiée, cette prière de l’Église est répartie à des moments bien précis. Ces temps de prière communautaire favorisaient l’union à Dieu tout au long du jour, en communion avec l’humanité, dans la louange, la supplication, l’adoration. Céline raconte dans ses Conseils et Souvenirs que pour bien se recueillir, Thérèse se voyait alors en imagination sur un rocher désert, devant l’immensité, et là seule avec Jésus, ayant la terre à ses pieds, elle oubliait toutes les créatures et lui redisait son amour dans les termes qu’elle ne comprenait pas, il est vrai, mais il lui suffisait de savoir que cela lui faisait plaisir. L’Office était alors célébré en latin, langue que la plupart des sœurs ne connaissaient pas !

« Demeurons près du Sauveur. Occupons-nous à considérer qu’Il nous regarde, que nous lui tenons compagnie. »

Thérèse d’Avila Vie, ch.13

L’oraison ou prière silencieuse

La grande Thérèse d’Avila était passionnée par la présence de Dieu en chaque personne. Sa principale occupation était de Lui tenir compagnie ! Aussi, lorsqu’elle réforma le Carmel au 16e siècle, elle voulut insérer dans l’horaire quotidien deux heures d’attention intense à cette présence divine : deux heures d’oraison, qui sont précisées dans le texte des Constitutions.

Le petit manuel de la Direction spirituelle de l’époque de Thérèse, déclare que « cette heure est la plus sainte et la plus utile de la journée ; car c’est dans l’oraison que l’âme se nourrit et reprend de nouvelles forces ; c’est là qu’elle rallume, tous les matins, le feu spirituel qui doit brûler sans cesse dans le sanctuaire de son cœur. »
L’oraison est un acte de foi qui se prolonge, ou mieux, une série d’actes de foi qui reprennent un contact interrompu. Ainsi Thérèse, à laquelle il arrive d’être distraite à l’oraison, se compare à un petit oiseau qui ne cesse de fixer « le Soleil divin, le Soleil de l’Amour » (Ms B folio 4 v°).
Ces deux heures d’oraison quotidienne, ensemble dans le chœur des carmélites, ce temps pour Dieu dans le silence, ont un effet sur la personne : celle-ci est transformée. Cet exercice d’amour de Dieu déborde et conduit à l’amour du prochain. Thérèse en témoigne, racontant que peu à peu elle a été conduite à comprendre ce qu’est la charité dans son Manuscrit C, 11v° et suiv.